Je suis venue à la peinture parce que la contemplation des oeuvres d'art, dans les livres, les expositions était un moment de total lâcher-prise, de bien-être absolu, qui me reconnectait à quelque chose d'immense. Un sentiment intense d'être en vie ! 

J'ai toujours été attirée par cette esthétique, ce média,  mais j'y suis venue véritablement assez tard, en tant que "maman" dans l'envie de transmettre à mon fils cette ressource là qui nous était offerte. On a découvert ensemble les rudiments de l'histoire de l'art, arpenté les musées, les expositions. Cela a été dans un premier temps des moments de partage familial. Puis des instants privilégiés pour moi.

Entièrement autodidacte, la peinture est avant tout  un moyen de faire le vide en soi, pour mieux se retrouver, pour laisser émerger des émotions, une histoire, à travers les couleurs, la matière, le travail de superposition de couches, de grattage, de séchage, de collage, de juxtaposition.

Pour se relier à ce qui m'entoure, au flux naturel de la vie.

Le rapport au corps et au ressenti physique est très important. Peindre libère le mental, le flux incessant des pensées, le poids du corps, qui maintiennent dans un cadre "trop étroit " à certains moments pour laisser place à notre essence, à ce qui nous relie à l'instant, au plaisir d'exister tout simplement. Et surtout de renouer avec cette spontanéité plus enfantine que le monde adulte peut avoir tendance à étouffer, conditionner. C'est la façon qui est la mienne de mieux me connaître, d'avancer, de me découvrir, de lever certains blocages. de faire parler mon"âme". Comme une forme de thérapie. Un moment pour soi, précieux, salvateur, dans le silence ou en musique mais la plupart du temps assise à même le sol, autour ou sur ses grands formats. J'y retrouve un côté plus primitif.

J'aime les couleurs, qui se  chevauchent et s'harmonisent de façon parfois assez inattendue, l'odeur des pigments, de l'acrylique, de l'encre, de l'huile, et surtout trouver des matières brutes qui racontent une histoire, comme support. 

 

J'aime le papier, le bois brut, ramassé dans la nature mais mon coeur s'est posé sur ces toiles de draps anciens, trousseau de famille, support de mémoires, lavés, utilisés, transmis d'une génération à l'autre, lourds dans tous les sens du terme. Parfois brodés mais je les préfère simples, objets du quotidien, qui nous transmettent une histoire. Il y a comme une passation, un rapport à l'intime, à ce qui est caché, que l'on peut alléger, ramener au présent, neuf, lavé, mais sans oublier le passé, simplement s'en servir de socle, de point de départ.

 

Je laisse ces "morceaux de tissus" tels quels, pour être libres d'être suspendus, accrochés, à un cadre, posés au sol et être contemplés. Un peu comme dans un espace où l'on pourrait venir se poser observer, profiter du voyage et "poser ses bagages", un court instant et reposer notre esprit.

 

Je pense puiser dans cette activité une force et un sens à qui je suis, au monde qui nous entoure, à ce qui nous entrave aussi.

Et si je peux la partager, apporter un peu de douceur et de paix alors je suis comblée.