J’ai toujours pratiqué les arts plastiques et eu une attirance plus forte pour le collage que je pratique depuis l’enfance. Je n’ai pas continué cette pratique sous forme de cours mais les arts plastiques ne m’ont plus jamais quitté. Je me suis mise à coller et dessiner sur tous les supports que je trouvais. Mes cahiers d’école sont un bon témoignage de ma pratique constante. Je me suis aussi formée durant un an à la pratique de la photographie, que j’ai laissée de côté durant un long moment.

Le collage est toujours resté une sorte de fil d’ariane dans ma vie. C’est à partir de 2015 que j’ai réintégré le dessin à ma pratique artistique et à partir de 2019 que j’ai décidé de ne plus me mettre de barrières et tester et m’approprier toutes les disciplines qui me tentaient.

J’investis mes œuvres de mes revendications, de mes interrogations et de mes rêveries. Les femmes, la main, le crâne et la politique sont des choses qui me fascinent et qui ont une place importante dans mes créations.

Le collage me permet de réaliser des tableaux très différents les uns des autres et le détournement d’image me permet de raconter une multitude d’histoires. J’ai besoin de faire ressortir mes combats et mes sentiments mais mes œuvres renvoient chaque personne à ses propres interrogations. J’aime créer des univers dans lesquels le spectateur va se perdre en questionnements, en doutes, en découvertes. Mes tableaux ne sont jamais les mêmes en fonction du regard que l’on pose dessus.

Le collage a un pouvoir puissant de messager. J’aime interpeller à travers des tableaux autour de thèmes à dominantes politiques et sociales. Je veux que les gens aient sous les yeux une sorte de « rétrospective » sur un sujet, souvent teinté de mes propres convictions et valeurs mais qui les amène toujours à la réflexion.

La réalisation d’un collage commence toujours par l’une des deux choses suivantes : soit la découverte d’une image que je tiens absolument à exploiter soit l’envie d’aborder un thème spécifique. Dans le cas d’une image précise que je souhaite utiliser, je la garde en tête et je peux passer des semaines ou seulement quelques minutes à trouver avec quelles autres images je vais la coupler.

J’ai constitué au fil des années une banque d’image très importante ce qui rend le travail d’association plus ou moins long. Quand j’ai un doute sur l’intérêt d’une association je laisse le collage de côté pour le laisser mûrir dans ma tête. Quand il s’agit d’un thème spécifique le processus est plus rapide puisqu’il s’agit plus souvent de collages « patchworks » réunissant des images pour servir ce thème.

Je pratique l’urbex depuis plusieurs années, ce qui m’a permis de revenir à la photographie. J’ai également beaucoup posé pour un ami photographe et ces photos, en urbex ou avec lui, m’ouvrent des possibilités énormes de création. Par exemple, j’utilise dans le triptyque « Nightmare » des photos prises en urbex comme base de collage.

Un paramètre très important de ma démarche artistique est l’écologie. Je fais en sorte d’utiliser au maximum des matériaux de récupération, des magazines et des livres de seconde main, mais aussi des tableaux de seconde main. Ainsi mes œuvres sont variées, les dimensions aussi.

Enfin, l’art, à mon sens, devraient être partagé et accessible par tous, que ce soit dans sa pratique ou dans son observation. C’est pourquoi je travaille sur l’ouverture d’un atelier d’arts plastiques solidaire, pour que chacun puisse créer, s’amuser et se soigner à travers une pratique libre des arts.

Marion REVOYRE